Découvrez la nouvelle histoire qui vous permettra de participer à la 4e édition du festival mondial de la créativité : QUELLE HISTOIRE ! (transcription disponible sous la vidéo)
Quelle histoire !
chapitre I
Il était une fois, dans une contrée enchantée, un village très ancien qui baignait dans la lumière douce d’une toute fin d’après-midi d’automne…
…ou du moins, une partie du village car au-delà du ruisseau… dans la partie la plus ancienne encore, celle boudée par le soleil lui-même, on racontait que d’étranges ombres erraient dans les ruelles sombres et moites, aux pavés de pierres noires toujours glissants.
Toute la communauté frissonnait de terreur à leur simple évocation et veillait bien à ce que les jeunes générations n’aient jamais l’envie de passer le petit pont de bois.
Mais (!) toujours à la recherche de nouvelles aventures, une petite gerbille au cœur intrépide avait voulu braver l’interdit.
Et la voilà qui revenait en courant plus vite que jamais, se faufilant entre les jambes des passants qui, dans la surprise, entamèrent une drôle de danse désarticulée.
La petite gerbille courut jusqu’à l’angle d’une rue et s’arrêta pour reprendre son souffle. Tremblante, les yeux brillants de frayeur, elle risqua un regard vers le petit pont… Rien. Craignant la lumière, les ombres avaient certainement renoncé à la pourchasser.
Tout à coup, les passants poussèrent des cris en se sauvant !
Elles étaient là, rampantes, à peine visibles à l’abri des pierres de la vieille fontaine. Leurs mouvements étaient fluides et empreints d’une grâce ténébreuse mais ne dissimulaient en rien leur nature sauvage et impitoyable ; elles incarnaient la puissance brute et le monde obscur. De leurs yeux brillants de convoitise et de méchanceté, elles repérèrent leur proie et s’élancèrent vers elle en longeant les bâtiments abrités du soleil.
La petite gerbille se remit à courir de toutes ses forces. Son pelage doré brillait telle une étoile filante dans le dédale des ruelles. Elle s’engouffra dans des passages qu’elle croyait secrets, mais les ombres la poursuivaient toujours. Elle sentait leur souffle brûlant sur son dos. Elle était terrifiée et à bout de souffle.
L’étau se resserrait.
Au tournant de la dernière ruelle, une monumentale bâtisse de pierre se dressait tel un phare : la bibliothèque, majestueuse gardienne des histoires du monde, de tous les mondes, et temple de tous les savoirs.
– Mais oui ! La bibliothèque ! La connaissance est l’ennemie jurée de l’obscurantisme !
Et dans un ultime espoir, elle s’élança vers les portes gigantesques restées entrebâillées comme prêtes à accueillir sa détresse.
Elle bondit par-dessus une grande flaque d’eau au risque de s’y noyer. Une flaque que le soleil complice transforma juste après en un miroir aveuglant qui fit hurler d’effroi les poursuivantes.
Sans se retourner, la petite gerbille accéléra sa course et pénétra dans la bibliothèque. Aussitôt, les imposantes portes se refermèrent lourdement comme par magie !
– Ouf ! Sauvée !
chapitre II
C’était la première fois qu’elle pénétrait dans ce sanctuaire de savoirs et de connaissances, de richesses préservées au fil des siècles.
Dans le vaste hall d’entrée pavé de dalles en pierre, il planait déjà une odeur enivrante de vieux livres et d’encre séchée qui se mélangeait à celles du bois et de la pierre. Les lampes aux abats-jours jaunis formaient des îlots de lumière dans la pénombre ambiante.
Fascinée, la petite gerbille avança vers les allées enchevêtrées qui suggéraient un labyrinthe ensorcelé. Certaines semblaient même se transformer en passages secrets menant à des mondes imaginaires.
Elle se retrouva très vite dans la galerie centrale avec, de part et d’autre, des tapisseries anciennes évoquant des moments-clefs de l’histoire littéraire, et des sculptures représentant des personnages allégoriques de la littérature tel que la muse de la poésie, l’esprit de la sagesse et le génie de l’imagination.
Les boiseries sombres, richement sculptées en détails minutieux et motifs élégants, racontaient une histoire de savoir et d’apprentissage. Tout était hommage à l’art et à la littérature dans ce temple où les mots se transformaient en mondes infinis. Quelques livres ouverts sur des lutrins semblaient s’éveiller au passage de la petite gerbille et lui chuchoter des histoires extraordinaires.
Au bout de la galerie, s’ouvrait une vaste salle de lecture qu’une immense rosace aux carreaux de vitre clairs inondait d’une lumière presque surnaturelle, légèrement ondoyante et aux reflets dorés-cuivrés qui conférait au lieu une aura presque mystique, avec des particules de poussière qui dansaient comme pour célébrer l’éternité des mots imprimés.
L’espace abritait des ouvrages anciens et précieux, des vieux manuscrits, des cartes géographiques d’époques révolues, et d’autres connaissances anciennes.
Les reflets de lumière dansaient au milieu des étagères chargées. Ils révélaient sur les ouvrages l’empreinte du temps qui les avait patiemment caressé, et leurs ornements qui témoignaient du prestige qu’ils avaient acquis au fil des siècles.
Porteurs de la mémoire du temps, les livres murmuraient d’innombrables récits oubliés, des histoires fantastiques, des contes légendaires et des secrets millénaires. Chacun était une porte ouverte vers des horizons à explorer en plongeant dans l’infini de leurs mots.
Les étagères semblaient s’élever jusqu’au ciel ! Des échelles de bois sur roulettes, posées contre elles, permettaient de s’élancer vers les hauteurs pour atteindre les volumes les plus rares et les plus précieux.
Un escalier colossal en colimaçon, aux marches usées par le passage de générations de lecteurs, menait à des coursives supérieures où se cachaient d’autres trésors littéraires.
Plus haut encore, les peintures artistiques des coupoles célébraient la puissance de l’écriture et la transmission du savoir. Leurs motifs peints minutieusement semblaient se mouvoir doucement dans une danse mystérieuse.
Au centre de la salle de lecture, sur une interminable table en bois noble et massif poli par des siècles d’utilisation, quelques ouvrages ouverts tournaient leurs pages comme pour inviter à plonger dans leur monde.
Le temps paraissait suspendu dans cet espace immuable où tout semblait posséder une essence magique.
chapitre III
(Ricanements et grognements mélangés)
– Oh non ! Les ombres !
Les créatures maléfiques n’avaient pas renoncé. Par la voie d’un soupirail, elles étaient entrées dans les profondeurs de la bâtisse.
Elles se déplaçaient en silence dans les allées les plus sombres de la bibliothèque, serpentant entre les rayonnages, les sens aiguisés, constamment en alerte. Hermétiques à la magie du lieu, elles traquaient la moindre trace, bruit et odeur de leur proie, déterminées.
La petite gerbille paniquée escalada l’immense escalier en colimaçon et gagna la plus haute coursive, puis la plus haute étagère, puis le plus haut livre !
Les ombres sinistres se rapprochaient dangereusement et leur férocité était palpable dans l’air.
– Mais où sont-elles ?
En réponse, elle entendit un mélange de ricanements et de grognements de satisfaction.
Elles étaient là, les prédatrices, dégoulinantes de férocité, pourvues de griffes acérées capables de déchirer les livres les plus épais. Leurs yeux brillaient d’un éclat sauvage et révélaient une cruauté incommensurable.
Le cœur battant, la petite gerbille regarda désespérément autour d’elle à la recherche d’une issue, d’un refuge !… Rien. Autour d’elle, le vide.
Ses prunelles se baissèrent sur l’immense table de lecture et c’est alors qu’elle le vit…
Un livre était là, imposant, tout relié de cuir et d’une ancienneté oubliée. Sa couverture défraîchie était ornée de motifs délicats et de lettres d’or qui semblaient briller d’une lueur mystérieuse.
Au moment où les ombres allaient tenter une nouvelle approche, un éclair solaire traversa la rosace et frappa l’ouvrage en plein cœur. Une énergie fulgurante jaillit alors de ses dorures et la petite gerbille ressentit toute sa force vibratoire. Il s’ouvrit dans un soubresaut et ses pages jaunies par le temps s’animèrent avec grâce, détachant quelques lettres qui se mirent à virevolter au-dessus d’elles.
Comme attirée par une force mystique, la petite gerbille sauta vers l’intérieur du livre. Pendant un instant, il lui sembla flotter dans l’air avant d’être aspirée. Elle fût prise dans un tourbillon de mots, avant de disparaître dans les profondeurs des pages.
Les ombres devenues folles voulurent se jeter à sa suite, mais le vieil ouvrage se referma prestement dans un dernier spasme, et retomba lourdement sur la table massive dans un nuage de poussière avant de s’éteindre.
C’est à vous !
La petite gerbille est tombée dans une histoire, mais laquelle ?
Quel rôle y jouera-t-elle ? Quelles seront ses rencontres ?
Sera-t-elle condamnée à errer éternellement dans ce livre (?)
Ou parviendra-t-elle à revenir dans son vrai monde ?
histoire originale écrite par Sophy Gordien
image d’illustration générée par IA
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